Sculpture sur le plâtre

Les traditions ouzbèkes de l’art de sculpture du plâtre

Le travail du plâtre de part sa finesse et métuculosité peut être comparé à celui de  joaillerie. Les décors effectués dans cette technique surprenante ornent les constructions les plus diverses, en créant un style très festif, noble de bâtiments aussi bien historiques que modernes : salles de concerts, d’expositions, de cinéma, théâtres, jets d’eau dans tout  l’Ouzbékistan.

Qu’est-ce que le gantch ?
Le plâtre aluné ou gantch (le gypse argileux, gaja, arzik) - est une variété du mélange du gypse et de l’argile, largement utilisée en Asie Centrale; le gantch est essentiellement utilisé pour la création du décor en relief plastique (sculpture, grilles, statues, bas-reliefs, y compris sur la surface de miroirs, etc.).

Le gantch est solide et en même temps très plastic et maniable. Pour ces qualités le matériau surpasse la pierre et le bois. Le climat chaud de l’Ouzbékistan favorise la «prise» immédiate du mortier, ce qui facilite beaucoup le travail du maître (stucateur ou plâtrier), c’est probablement pour cette raison que la sculpture du plâtre aluné est aussi fréquemment employée dans notre pays.

Comment les chefs-d’oeuvres sont créés ?
Avant de procéder à leur travail, les stucateurs doivent faire beaucoup d’opérations préparatives, afin de purifier le matériau, le cuire au four, puis mélanger aux composants requis. La technique de sculpture du plâtre gantch n’est simple qu’en apparence et demande beaucoup de minutie.

Pour commencer, la surface murale, qui pour l’artiste est comme un toile pour le peintre, est recouverte de deux couches consécutives du mortier préalablement préparé. La première couche prendra en quelques secondes pour devenir solide et monolithe. La couche supérieure elle reste assez longtemps souple comme la pâte à modeler. C’est cette couche qui sera travaillée par le maître. Tout d’abord, il portera sur la surface le motif, préalablement dessiné sur du papier.  Puis commence l’étape du travail scrupuleux et très appliqué de découpage ou sculpture du motif à l’aide du couteau, ciseaux, de petits burins, des gouges de diverses section  et de beaucoup d’autres outils spécifiques. Vient ensuite le stade d’application de couleurs sur le relief . Cette partie du travail demande beaucoup de créativité, d’imagination, le maître plâtrier peut expérimenter avec la palette, les nuances, l’ombre et la lumière.

Quelques faits issus de l’histoire de la sculpture du plâtre aluné - gantch
Les peuples vivant sur le territoire de l’Ouzbékistan moderne ont commencé à utiliser les propriétés uniques du gantch au début de notre ère déjà. Au début il n’était employé dans le bâtiment que comme un liant pour pose de briques et comme l’enduit. Très vite les artisans apprennent à appliquer ce matériau en décor.

Les reliefs en albâtre découverts par les archéologues dans la salle de réceptions de la citadelle Toprak-Kala à Khorezm datent du  III-IV siècle. Les échantillons du motif végétal de la citée Varakhcha  non loin de Boukhara datent du VI-VIII siècle.

Son épanouissement l’art de sculpture sur le plâtre connaît à l’époque médiévale. Les XVIII—XIX siècles sont marqués par un emploi omniprésent de ce matériau à Maveranakhr (nom médiéval de la région située à la rive droite de l’Amoudaria) pour l’ornement aussi bien intérieur qu’extérieur de palais, sépultures des gouverneurs, des mosquées . C’est à cette période que de nouvelles techniques apparaissent, donnant naissance aux différents mouvements, ou écoles de sculpture du plâtre, aux différents styles de motifs et d’ornements aussi originaux les uns que les autres.

En fin XIX - début  XX siècles les centres de sculpture du plâtre en Ouzbékistan sont  Khiva, Boukhara, Tachkent, Samarcande et Ferghana. Vers 1920 s’ajoutent à la liste Andijan, Namangan, Marguilan et Kokande.

Bien évidemment, la sculpture artistique du plâtre, comme tout autre expression artistique, a beaucoup été influencée par les événements historiques et plus précisément en région du Maveranakhr. A l’époque antique, avec l’arrivée des troupes d’Alexandre le Grand, l’héllenisation et les royaumes gréco-bactriens, tout commes l’invasion arabe plus tard, se refléteront par une influence culturelle, y compris sur les traditions de finition intérieure et des façades des bâtiments. Ainsi on peut voir à la période hélleniste l’éffigie du cheval ailé, du tigre, du Balbuzard pêcheur sculptée en plâtre se combiner harmonieusement avec les motifs orientaux.  A l’époque de l’expansion de l’islam interdisant de reproduire l’image de l’homme et des animaux,  les motifs géométriques et végétaux deviennent prépodnérants pour « s’enraciner », dominer avec le temps de sorte que les maîtres plâtriers renouvellent ces ornements de nos jours.

Traditionnellement, les maîtres plâtriers, nommés gantchkor, vivaient groupés dans des quartiers  - les makhallas - et consacraient  tout leur temps à paufiner leur technique et savoir-faire du métier, transmis par la suite aux apprentis. Les variations diverses connues de nos jours de ces techniques sont - sculpture du pâtre sur le fond coloré, sculpture à relief droit, sculpture du plâtre sur le fond de miroir.

Voici quelques termes de différentes techniques de la sculpture du plâtre gantch :

• pah-pardoz - sculpture du relief aux traits et formes nettement dessinés;
• tchoka-pardoz, lorsque le centre de chaque élément sculpté est concave;
• tabaka-pardoz, technique qui se distingue par multitude de facettes, le plus souvent employée pour reproduire les boutons et les pétales de fleurs.

La plupart de temps le travail du maître consiste à employer plusieurs techniques à la fois.  En Ouzbékistan plus précisément on combine fréquemment la sculpture délicate du plâtre aux autres arts plastiques tels que peinture et graphisme par exemple.

Les sites de Tachkent les plus représentatifs de cet art ancestral dans l’ornementation sont le Grand Théâtre Académique ou l’Opéra de Tachkent qui porte le nom du poète Navoï, le Théâtre d’Art Dramatique au nom de l’écrivain Khamza, le Théâtre de la Comédie Musicale au nom de l’écrivain Moukimi, ainsi que tout un nombre de stations du métro de Tachkent.

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